QU’EST-CE QUE VOUS ALLEZ FAIRE AUJOURD’HUI ?

QU’EST-CE QUE VOUS ALLEZ FAIRE AUJOURD’HUI ?

Le signal sonore du recul du camion des éboueurs vient ce matin me sortir d’une nuit calme, sans rêves tristes. Vous savez ce temps où la télévision de l’intérieur dépose dans nos cerveaux apaisés des images de « vainqueur ». Il est bien désagréable ce bruit. Je me lève un peu fâché et mon bras pas encore en accord avec ma pensée fait tomber la lampe de chevet. Allez !!!
A petits pas je vais vers la cuisine pour chauffer une casserole de café. J’installe le bol et reviens dans la chambre pour me vêtir un peu. Cela me prend un peu de temps et bien sûr café bouillu, café foutu…. Allez !!!
Dans la salle de bain je prends mon gobelet à dents. Il s’échappe de mes mains savonneuses et tombe à terre. Allez !!!
Oh ! Ce matin tout va mal.
Mais qu’est ce que je vais faire aujourd’hui ? Que va-t-il m’arriver ?
Cela fait un long moment que par la fenêtre l’esprit vide, déçu mais ouvert je regarde le ciel pleurnicher. Les gouttes d’eau en tombant dans de petites flaques créent des vaguelettes qui reflètent les lumières des phares des voitures et la lueur du réverbère usé et âgé. Même les chiens ne veulent plus lever la patte sur ce tuyau rouillé et fatigué.
La fenêtre est près d’une petite table où je dépose certains documents : prospectus, journaux, etc. Sur la vitre coupant les glissades perlées des gouttes d’eau apparaît l’image inversée d’un de ces papiers posés là sur le semblant de bureau. Je me retourne, je m’en saisis et chaussé de mes lunettes je lis l’information suivante imprimée sur un A5 de couleur verte.  » Cet après-midi atelier hebdomadaire d’écriture… » Interpelé, je me dis que peut-être ai-je là le moyen de conjurer le mauvais sort d’une journée qui commence si mal.
Dans cet atelier je vais sans doute rencontrer des personnes qui m’aideront à mettre des mots sur mes petits maux, mes petits malheurs. Hé ! Quand les autres vont mal on va tellement mieux !!! De toutes façons ce ne peut être pire.
Après mon repas de midi je sors parapluie ouvert. Floc ! Floc ! Sur le trottoir.
Allons vers l’atelier d’écriture présenter cette bosse au front issue de ma rencontre avec le réverbère caché par mon parapluie…
Il pleut. Il pleut encore… Je pousse la porte de l’atelier. On me présente une place avec sourire, papier et crayon. Des petites lanternes individuelles font des ombres chinoises sur ma feuille blanche. Le silence s’installe. L’animateur donne une piste pour notre imagination. Chacun se prépare à poser sur le papier des mots, des phrases en accord avec le sujet demandé.
La proposition : « Qu’est-ce que vous allez faire aujourd’hui? » Alors ça !!! C’est la question que je me suis posée ce matin. C’est drôle.
Ma voisine triture son bic « clic… clic… ».
L’homme en face de moi écrit déjà à toute vitesse, tirant la langue. On tousse, on se mouche mais on travaille. Je me sens bien. Je me prends au jeu. Plus de dehors, pas de dedans. Rien n’est imposé. On vole. Nous sommes des oies. Une plume se détache et plonge dans une encre d’humanité pour dire, souffler, inciter ou émouvoir.
Nous sommes bien… les tic-tac de nos horloges internes communient. Le temps qui passe nous appartient. Soudain je me vois écrire en majuscules grasses sans trembler :

« si, tu ne sais pas quoi faire demain écarte les bras, ouvre ton cœur et laisse-toi étonner par la vie. »

 

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